Le président sortant au pouvoir depuis 10 ans a perdu les élections législatives du 25 mai dernier.
Le VHP (Parti de la Réforme Progressiste), principale force d’opposition dirigée par l’ancien ministre Chan Santokhi, est arrivé en tête du scrutin en remportant 20 des 51 sièges de l’Assemblée nationale, le parlement unicaméral surinamais.
Le NDP (Parti National Démocratique) du président de la République Dési Bouterse (photo de Une) a subi un net recul et n’est arrivé qu’en 2e position avec 16 sièges contre 26 dans la Chambre sortante.
Il est suivi de l’ABOP (Parti de la Libération Générale et du Développement) dirigé par l’ancien chef rebelle noir-marron Ronnie Brunswjik qui en obtient 8, les sièges restants se répartissant entre les autres forces politiques du pays.
La large victoire du VHP ouvre la voie à l’élection de Chan Santokhi à la présidence de la République pour un mandat de cinq ans par l’Assemblée nouvellement élue qui entrera en fonctions en août prochain.
A la tête d’une coalition formée par le VHP, l’ABOP et deux petits partis, Chan Santokhi devrait en effet atteindre le seuil des deux tiers (33 sur 51) des voix des parlementaires nécessaire pour être élu chef de l’Etat, Ronnie Brunswjik devenant vice-président.
Cependant, une semaine après le scrutin du lundi 25 mai la situation reste incertaine et tendue car le NDP de Dési Bouterse conteste toujours les résultats – ils n’ont pas été officiellement proclamés – et demande le recomptage des bulletins de vote.
Surnommé « le Shérif », l’ancien ministre de la Police et de la Justice Chandrikapersad dit Chan Santokhi (61 ans) s’est illustré par sa détermination dans la lutte contre la corruption et le crime organisé, en particulier le trafic de cocaïne dont le Suriname est une plaque tournante.
Désiré dit Dési Bouterse (74 ans) quant à lui est un personnage controversé, au Suriname comme à l’étranger. Auteur de deux coups d’Etat, il a été à la tête du régime militaire dans les années 1980 et durant la guerre civile contre les rebelles Noirs-Marrons de l’Est du Suriname alors dirigés par Ronnie Brunswijk (1986-1992).
Condamné par contumace aux Pays-Bas en 1999 et 2000 pour trafic de drogue, Dési Bouterse est revenu au pouvoir au Suriname par la voie des urnes en 2010 et il a été réélu à la présidence de la République en 2015 pour un second mandat de cinq ans (Guyaweb du 26/05/2015).
Mis en cause pour son implication directe dans la torture et l’assassinat d’opposants politiques à Paramaribo en décembre 1982, Dési Bouterse a d’abord bénéficié d’une amnistie votée en 2012 par le Parlement mais celle-ci a été invalidée par la justice et il n’a pu empêcher la tenue d’un procès à l’issue duquel un tribunal militaire l’a condamné à vingt ans de prison en novembre 2019 (Guyaweb du 30/11/2019).
Cette lourde condamnation a pesé dans l’élection du 25 mai dernier de même que la situation économique très dégradée du Suriname, le pays ne bénéficiant plus du soutien financier du Venezuela dirigé par Nicolás Maduro avec qui le président surinamais entretient de longue date des relations étroites.
La défaite électorale que vient de subir Dési Bouterse devrait le contraindre à quitter le pouvoir et lui faire perdre ipso facto le bénéfice de l’immunité attachée à la fonction présidentielle qui jusqu’à présent lui a permis d’échapper à la prison.
9 commentaires
Il va se faire la malle, caché dans un cargaison de cocaine.
Livrée au Liban ? C’est tendance…
https://www.reuters.com/article/us-suriname-hezbollah-idUSKBN0M61UN20150310
Soit desi refait un 3ème coup d’état
Soit il negocie un place en dehors de la prison avec le nouveau président
Soit il disparaît avec un pactole, et il finit comme Pablo.
Ou il s’étouffe d’la Covid ! G Zirgole !
Mais qu’est ce qui à cloché dans leur changement de statut en 75 ? Qui ne pourrait se reproduire chez nous ?
Rien n’y a cloché, Frog. Le chgt de statut du Suriname fut mené avec intelligence et exemplarité, faisant droit aux revendications légitimes, leur accordant un statut d’autonomie en 1954, sans jalousie et entraves de la part de la Hollande quant au dvpt économique…
L’indépendance 21 ans était encore très noblement menée, la Hollande contribuant au budget du nouvel état, le temps que celui-ci se consolide. Après, la responsabilité ainsi obtenue a donné ce qu’elle a pu donner selon la ressource humaine disponible… Car il n’y a de valeur que les hommes (et des femmes :-). Tout est donc rentré dans l’ordre : chacun selon ses mérites et compétences. C’est la base de la condition humaine.
Mais pourquoi vous ne prenez pas l’exemple du Singapour, indépendant depuis 1965 seulement ?
21 ans plus tard.. je voulais dire
Singapour, c’est outre mers…
Et selon vous la Guyane aurait les ressources humaines nécessaires pour nous éviter le même destin, quelques peu tourmenté ?
Je suis pessimiste, les intérêts des uns des autres étant si… divergents.
Mérites et compétences, mouai, ça laisse songeur.
La Guyane aussi est outre mers.. Pour la France comme pour Singapour…
Pour le moment les ressources humaines locales ne permettent pas la conception simple d’une autonomie même ratiboisée, comme vous avez pu l’observer. On n’est même pas à l’analyse de la situation, des pb a résoudre. On ne sait même pas ce qui bloque. Ni que changer, ni comment.
Après, le conditionnement à l’état d’alimentaire et la dilution identitaire ne faciliteraient pas l’adoption par voie démocratique du meilleur projet qu’il soit. Les divergences effectivement outrancières des intérêts n’est que la démonstration de l’anachronisme de la multiculti forcée.
Mérites et compétences, ben oui, quoi d’autres pour construire une société viable ? Le panier des crabes ? La relasyonnite ? Le racisme anti-compétences ?