Le collectif Or de Question s’est invité à la COP 23 en Allemagne à la mi-novembre pour donner une ampleur internationale à la lutte contre le projet de mine industrielle dit de la Montagne d’Or et pour interpeller à ce sujet le ministre français de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot (Guyaweb du 22/11/2017).
Alors qu’un débat public doit avoir lieu en Guyane à partir de mars 2018 sur le projet minier porté par le consortium russo-canadien Nord Gold/Columbus Gold, le président de la République Emmanuel Macron avait redit son soutien à ce projet controversé à l’occasion de sa visite en Guyane fin octobre, son ministre Nicolas Hulot confirmant quelques jours après que pour sa part il n’y est « pas favorable » (Guyaweb des 1/11 et 8/11/2017).
A l’occasion de la COP 23, Marie Fleury, membre du collectif Or de Question, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle en poste en Guyane et présidente du Conseil scientifique du Parc amazonien de Guyane, a remis à Nicolas Hulot un document proposant 25 « filières d’emplois d’avenir » pour la Guyane (photo de Une).
« Face à l’industrialisation de la filière minière, l’une des industries les plus polluantes au monde », Or de Question entend ainsi proposer des « solutions innovantes, pour un développement alternatif, local, durable, respectueux de l’environnement et de l’humain, avec des dizaines de métiers et des milliers d’emplois à la clé ».
Retrouvez ci-dessous les 25 « filières d’emplois d’avenir » proposées par le collectif Or de Question.
25 filières light TRACT_FILIERE_Top25w by GUYAWEB on Scribd
10 commentaires
Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Je serai curieux de savoir pourquoi il s’agirait du « chemin de l’enfer », GZ. Que toutes ces propositions apparaissent comme un fouillis incohérent, je vous l’accorde. Certaines vont à l’encontre de ce que ce collectif semble vouloir défendre (notamment en ce qui concerne l’environnement et les retombées économiques au profit de la Guyane). Mais de là à parler « d’enfer » ? Vous n’avez pas l’impression que les 70 ans de départementalisation ratée (du moins assumée « mollement » par Paris), et l’achat de paix sociale par l’intermédiaire du fonctionnariat de masse ressemblent davantage à « l’enfer » que vous redoutez ?
J’aime bien l’idée de la gouvernance partagée (humour)… On a vu ce que ça pouvait donner en pratique avec l’émergence de tous ces kollectifs qui s’imaginaient réinventer la démocratie……
Vous venez de le résumer, KouK. Vous pouvez en effet appeler enfer les 70 ans de cette départementalisation ratée (aggravée depuis 1975) dans la mesure où elle avait créé un trajectoire et hypothéqué les marges de manœuvre.. Mieux vous regardez, plus vous êtes effrayé.
J’ai dit enfer à venir parce que les choses sérieuses ne font que commencer. Parce que de plus en plus de gens vont ressentir les effets, même ceux qui se croyaient gagnants il y a peu encore ou qui participent activement à l’abîme derrière leurs bureaux. Moi-même je les sens depuis longtemps et ne les redoute guère, mais c’est particulier.
Chemin pavé de bonnes intentions, comme ces propositions que vous dites fouillis incohérent : vision économique à la bobolade, naïveté et idées farfelues etc. La culture spécifique y est palpable… Et encore, elles ont le mérite d’exister et se battre contre la mine. Regardez lé zélus ou l’administration : RAlexandre pour la mine, aucune idée pour aller à l’avant, des conflits d’intérêts partout, les caramités de Karam… Le niveau est catastrophique.
Je ne vous rejoins pas dans la critique du Kollectif. Ce sont des gens plutôt simples, sans instructions particulières qui faisaient ce qu’ils pouvaient dans le cadre disponible : c’est-à-dire rien à part de pousser un cri. Leur seul constat de l’échec public est déjà une étape jamais atteinte auparavant.
[cynisme] Alleluia !! « Ils » ont découvert le concept de démocratie sur les rond-points. Dommage qu' »ils » n’aient pas ouvert de livres un peu plus tôt pour se rendre compte que tout existait avant eux… [/cynisme]
Nous nous rejoignons donc sur l’essentiel (oui nous n’en sommes qu’aux portes de l’Enfer), sauf sur la vision erronée que vous avez du « Kollectif ». Ils pouvaient faire autre chose que « pousser un cri » : participer à la démocratie. Et ils l’ont d’ailleurs fait, en se plantant lamentablement (pour Guard) et en terminant mauvais second (pour Rimane) à des élections législatives qui auraient pu les consacrer s’ils avaient été moins « syndicalistes/indépendantistes » dans leurs prises de position.
La population a bien poussé un cri. Eux n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu pour trouver un écho à leurs idéaux… Je ne pense pas être la seule personne à leur en vouloir. Qu’ils ne viennent pas se plaindre si demain la « mère patrie » nous considère toujours comme des raclures de bidets incapables et fainéants, bons qu’à quémander en beuglant. J’ai eu honte d’eux, de l’image qu’ils ont renvoyés de nous toutes et tous qui étions dans les rues le 28 mars. Vous pouvez le comprendre ?
PS: et ils n’ont même pas obtenu plus de fric que ce qui était prévu de longue date entre le gouvernement Hollande et la CTG/Région/élus. C’est pourquoi – bien que je sois totalement lucide sur la profonde incompétence d’une grande partie de nos élu(e)s et leur tendance à aimer le pouvoir et l’argent – je fais tout de même davantage confiance à des personnes choisies par le peuple, par la voie de l’urne, pour nous représenter, qu’à ces Rois de carnaval improvisés, qui s’estiment légitiment et qui mettent des cartons rouge à qui n’est pas de leur côté.
Pathétique également, que lors de la visite de Macron, le Kollectif ait désigné « 8 personnes » pour représenter la foule devant les émissaires du président, et que… comme par hasard… il s’agisse des 8 mêmes agitateurs (bergers) inconséquents qui n’avaient fait qu’attiser la haine chez leurs ouailles (moutons) pour mettre la pression ce soir là. Les gens qui recherchent le combat en permanence donnent généralement de bonnes indications sur leur capacité de réflexion… Que l’on ne s’étonne pas s’ils étaient 1.500 à se prendre bêtement de la lacrymo ce soir là, et que les « autres » guyanais étaient installés vers les camions à madras pour regarder la fumée, « de loin ».
Je ne suis pas certain que Rimane ait terminé second et j’ai toujours admiré la facilité par laquelle la masse guyanaise puisse être divisée, foule amorphe sans cohésion aucune qui se disloque à la moindre miette jetée. Cet état de paille inspire plus de dédain que les tares du Kollectif.
Pour autant, je comprends votre ressentiment à leur égard dans la mesure où vous oubliez manifestement que le dédain de la « mère patrie » à l’encontre de la Guyane n’est pas né en Mars dernier et reste soigneusement alimenté pour ne pas dire justifié par les faits et gestes des personnes élues à qui vous accordez confiance.
Je vous rappelle que les remarques désobligeantes des fonctionnaires élyséens contre la délégation guyanaise (voilà les boukinabé quémendeurs) ont été lancées à l’époque de Sarkozy…
Il me paraît incohérent de réclamer l’incarcération de LBertrand, de s’affliger de la récente intervention de AKaram, d’observer les conflits d’intérêt de l’équipe CTG etc tout en faisant état de sa honte à cause d’un Kollectif autoproclamé il y a quelques mois. Que pèsent les tares de ce Kollectif ici ? Et pourquoi occulter leur qualité, celle d’une voix ?
Vous comprendrez donc à votre tour qu’au vu du comportement des Totos élus et d’autres non-élus haut placés il m’est impossible de critiquer ces gens d’en bas. Car ce sont l’instruction et la noblesse qui obligent, pas la condition de gueux.
Mon agacement est viscéral. Votre raisonnement me plait. Non, je n’oublie pas les décennies de « foutage de g****e » de la part de la mère patrie. Je dois m’avouer vaincu ;-)
Sauf sur un point : je pense que le kollectif a fait plus de mal à la cohésion des communautés en Guyane que ne l’avaient fait les élus jusque là. Leur « langue de bois » a longtemps permis de garder enfouies et de limiter l’impact les vieilles rancœurs racistes ou xénophobes auquel le « péyi » avait jusque là plutôt bien échappé (cf les Antilles).
Suis tout confus par votre amabilité. Sincèrement. Je dois manquer d’habitude.
Votre agacement doit être tout aussi viscéral que les rancoeurs qui ont tjs été là, sans besoin de preuve supplémentaire. Le Kollectif n’a ou n’aurait rien pu apporter de plus, croyez-moi.
Le Local vit le dédain, la pratique des foutaises élevée au rang de gouvernance administrative, crève des lois iniques dont il ne perçoit pas la turpitude mais en souffre à vie.
Et il attribue le tout au « Métro ». Viscéralement et statistiquement. A-t-il tort ? Il s’agace. A-t-il tort, lorsque tant de « Métros » font état eux-mêmes de leur impression d’une politique de non-développement (sans que cela leur inspire la moindre emphatie).
En face, le « Métro » s’agace viscéralement devant la réaction viscérale du Local et crie au racisme. Puis ça devient plus compliqué pour lui, car des « Métros » d’ici pâtissent eux aussi de la même situation, mais impossible pour eux de trouver autre explication et défouloir que les tares des Locaux colorés et la nullité de leurzélu… Ca fait un joli bordel… viscéral. Configuration kolonial sans grand’chose faite pour désamorcer. Reste la compromission habituelle dézélu. Les avantages et passe-droits sont là pour ça.
Très bien résumé. Bien que non, je ne cautionne pas votre avis sur le manque d’empathie des métros. Peut-être pour ceux qui viennent « en mission » ici, mais franchement, c’est très réducteur de penser ça d’eux. Tout comme il y a des ultramarins en métropole qui souhaitent l’amélioration de leur cadre de vie et à plus grande échelle, de la « nation », il y a des métropolitains qui souhaitent l’amélioration de l’outre-mer, au sein de cette même « nation ». Mais… ils est tout aussi impossible pour eux de faire changer les mentalités à Paris. Peu importe leurs couleurs de peaux (oui oui il existe des métropolitains noirs, jaunes, blancs).
Ne croyez vous pas, justement, qu’il faudrait dépasser ces « rancoeurs viscérales », et travailler en bonne intelligence à l’émancipation intellectuelle et sociale des habitants de la Guyane ? Pourquoi toujours chercher des boucs émissaires alors que nous sommes tous plus ou moins « mouillés » dans toutes ces affaires qui paralysent le développement de notre péyi… ? Je ne suis pas du genre à dire que l’incompétence locale est la raison principale au retard de notre territoire, même si je la reconnais au quotidien, y compris (ce qui est le plus inquiétant) chez nos personnels politiques.
Là où tout pêche, c’est au niveau de l’égocentrisme. Le besoin inconditionnel de reconnaissance, de pouvoir, d’argent… de confort absolu, sans penser à son voisin. Nous sommes tous coupables de ça, à notre mesure. Mais comment pourrions nous imaginer une meilleure Guyane si tout le monde persiste à réfléchir pour sa pomme et à faire ses petits trafics dans son coin, à son seul profit ? Je ne blame aucune communauté en particulier, pour les avoir toutes fréquenter, je dirai que le problème est universel… Le soucis, c’est que lorsqu’on a une population peu diplômée, peu qualifiée, pauvre, et qu’on souhaite avoir le même niveau de vie qu’en Europe, il faut bien chercher à devenir plus consciencieux, plus « déterminé » à bien faire son travail, pour que tout un chacun apporte réellement sa pierre à l’édifice, plutôt que de chercher (non sans la complicité de Paris) à avoir chacun sa pierre et la garder dans son coin, comme on l’a vu pendant des années avec le népotisme/copinage qui fait loi dans les administrations.
Si tout le monde se met dans la tête qu’il n’y a plus de coupable, et qu’il n’y a plus qu’à « faire », à bouger, à se battre pour améliorer le fonctionnement de notre territoire (du genre faire baisser la gabegie financière dans les collectivités et limiter les enveloppes entre élus et entreprises du BTP), alors je pense que les stigmates de l’Histoire n’auront plus grand intérêt à être évoqué à tort et à travers pour justifier le « célafotaléta » ou « célafotozélus », ou autres considérations racistes qui entachent bien trop souvent les volontés d’émancipation dans les (anciennes) colonies françaises.
Argh. « I had a dream… »
L’empathie n’est pas le désir d’améliorer son cadre de vie. L’empathie est plus profonde et devrait servir d’outil dans la quête de ladite amélioration… L’empathie suppose déjà un certain degré du développement humain, une certaine culture et serait facilitée par l’homogénéité sociale. Vous avez mentionné la réalité locale…
Si les seuls « décideurs » la connaissaient, ça serait déjà merveilleux, car l’exemplarité a du bon… Mais la simple volonté d’améliorer fait déjà défaut et quand elle existe, c’est l’ineptie qui la surpasse aussitôt. Les mentalités d’ailleurs se trouvent débridées en Guyane où il n’existe ni exigence ni contrôle opposés aux acteurs publics. Ils ne sont même pas au niveau élémentaire du Bonjour, il y a du risible à parler d’empathie à leur propos. Question de pratique de pouvoir. A leur décharge (très forcée) qu’il est difficile de rester intègre dans une telle configuration politico-administrative, surtout quand il leur manque l’éducation de base.
Si je crois à la nécessité de dépasser les rancoeurs viscérales ? Mais c’est vous qui revendiquez un agacement viscéral.. :-) Ces rancoeurs me sont étrangères, pour des raisons personnelles que vous comprendriez. Mon constat de leur existence ne signifie ni mon adhésion ni une recherche quelconque des boucs émissaires. Au contraire, je refuse l’explication colonialo-racialo-simpliste selon laquelle l’état du peyi serait dû à la qualité de ses habitants…bouc émissaires. Car si cette relation qualité pays/qualité hab est tout à fait vrai par ailleurs, la Guyane fait exception à cause d’un régime administratif imposé, complètement hors-âge et hors-sujet, inique, corrupteur et inepte, premier conditionneur de tout ce qui bouge ou pas. (En fait, il manquait du QI pour sortir correctement du colonialisme.) Il n’y a donc pas lieu à parler ici des tares et des valeurs des habitants : ça serait de se tromper de cause et de cible. Même la qualité du personnel politique local est secondaire. On ne les critique que quand ils nous épatent plus que d’habitude : ils ont si peu d’importance..
Je salue votre précision sur la nature humaine, yaka accorder l’action publique en fonction, afin de limiter le népotisme/copinage… On en est à des années de lumière et très en dehors du territoire guyanais. (C’est pourquoi il n’y aura pas de salut sous le statut actuel – mais je vous ennuie peut-être.) En attendant, adressez vos observations sur les consciencieux-bien faire son travail-pierre à l’édifice-etc aux localement concernés, si ça vous amuse, en préfecture par exemple (DAAF, EPFAG etc) Je ne suis pas concerné.
Vous ne pouvez espérer les choses bouger sans comprendre les freines. Voeux pieux. Le pb de la Guyane n’est pas financier, ni la corruption, ni la gabegie. Ce sont des idées pis-aller. Et personne ne cessera à chercher des coupables tant qu’il y a pêché de blocage… les stigmates de l’Histoire ne sont pas derrière vous, vous êtes plein dedans.
Dream or nightmare ?