L’étape de près de 164 km menant au bourg d’Apatou a accouché d’un séisme au classement général, d’une ampleur supérieure même à celle pressentie par Guyaweb qui, dans son article de mardi, soulignait le déclin perceptible de la sélection de Guadeloupe usée par sa défense du maillot jaune.
On aurait pu dès lors raisonnablement s’imaginer qu’un second couteau bénéficierait à la fois d’un bon de sortie et d’un enterrement de première classe entre leaders pour endosser le maillot jaune à Apatou.
Boum ! C’est tout bonnement le second de l’étape au départ de Mana, Melvin Rullière (Centre-Nord), qui est parvenu à fausser compagnie au maillot jaune et à ses principaux rivaux pour revêtir le paletot dans la commune boni.
A l’arrivée, la note est salée à l’issue d’une étape où les bosses sans grand pourcentage s’avalaient grand plateau : 3 mn 29 s de débours pour Boris Carène et Teddy Ringuet qui auront couru comme des cadets…
L’homme est parti à la pédale et avec intelligence, profitant, au bout d’une heure de course, d’une guéguerre à coups de démarrages répétés entre Boris Carène, le maillot jaune guadeloupéen et Teddy Ringuet son dauphin guyanais, pour mieux les contrer.
Je me suis mis 20 places derrière eux je les ai laissés un peu faire. Ils se sont encore attaqués : une fois, deux fois. La troisième fois, quand j’ai vu qu’ils se posaient à l’avant du peloton, je suis parti sur la droite (Melvin Rullière, nouveau maillot jaune)
Juste après l’arrivée, Melvin Rullière l’a expliqué sur Guyane 1ère en oubliant toutefois de changer de maillot afin d’éviter le refroidissement : « Il y a eu des attaques dès le début de l’étape avec les hommes placés au général. C’était marrant parce que nous étions tous les trois roue dans roue (lui, Boris Carène et Teddy Ringuet, ndlr). Dès que l’un des trois bougeait on bougeait tous ensemble (…) Puis j’ai dit à mes coéquipiers, ça va sortir après une heure de course (…) Je me suis laissé décrocher des deux. Je me suis mis 20 places derrière eux je les ai laissés un peu faire. Ils se sont encore attaqués : une fois, deux fois. La troisième fois, quand j’ai vu qu’ils se posaient à l’avant du peloton, je suis parti sur la droite. Je suis rentré sur un coéquipier qui était devant. Je lui ai demandé de rouler à fond».
Après ce contre, la sélection de Guadeloupe a, une fois de plus, démontré cette année qu’elle n’avait ni les jambes ni le mental pour assurer un tempo digne de ce nom et limiter les écarts vis à vis d’une échappée composée de clients pour le général.
En outre, sur le plan stratégique, la sélection de Guadeloupe a commis une seconde erreur du même type pour la 2ème journée consécutive : primo laisser partir trop de coureurs dangereux car bien placés au classement général et prêts à unir leurs forces pour se replacer : en effet outre Rullière 2ème au général se trouvaient devant ce mercredi, Mickael Laurent (sélection de la Martinique), 6ème au général au départ de Mana et même Cyril Bordes (Vendée) 10 ème au réveil ce matin.
Secundo : ne pas mesurer quand le rapport de force s’inverse pendant la course. L’équation est pourtant simple : sur une étape de plat ou sans grands difficultés, l’échappée a de grandes chances de réussite lorsque le nombre de coureurs prêts à rouler devant est supérieur au nombre de coureurs prêts à rouler en tête du peloton.
Or, ce mercredi, dans l’échappée, outre Rullière (Centre-Nord), Laurent (sélection de la Martinique) et Bordes ayant des intérêts communs (remonter au classement général), figuraient un équipier du premier nommé : Ludovic Bideau et un équipier du martiniquais : Jean-Christophe Florimond, lequel décrochera en fin d’étape après s’être dépouillé pour son leader.
Et ce n’est pas tout, dans l’échappée victorieuse, on trouvait encore ce roule-toujours de Grégoire Salmon (ES Torigny), souvent aux avant-postes depuis lundi et son coéquipier Alexis Carlin, 17 ème au départ de Mana et, lui aussi, intéressé par une opération rachat au classement général. Le Guyanais de l’Espoir cycliste, Loïc John, dans le même cas, aura plutôt, en ce qui le concerne, fait de la patinette dans l’échappée, se dispensant de prendre des relais donc du vent.
En tout état de cause, dès lors, avec le nombre de clients devant, la poursuite tentée par une sélection de Guadeloupe émoussée, un brin aidée par l’Allemand Hellmann (4ème au général) sur la fin de l’étape, était vouée à l’échec, faute de réaction plus prompte.
De son côté, un brin obnubilé par Boris Carène, Teddy Ringuet aura donc du lui aussi voir filer entre ses doigts l’un de ses principaux rivaux (Rullière) et un paquet de coureurs qui le renvoient quelque peu loin au général au regard de ses ambitions affichées..
Ce qui n’a pas été du tout du goût de Jean Ringuet directeur sportif de la sélection, ancien vainqueur du Tour de Guyane, connu -pour ceux qui l’ont côtoyé- avant tout pour sa science de la course, supérieure parfois même, à sa force physique.
Interrogé par Guyane 1ère au cours de l’étape, Jean Ringuet s’était alors dit perplexe d’être contraint de constater que son leader avait laissé le second du général lui échapper.
Seule nouvelle potable de la journée pour la sélection Guyane : Patrice Ringuet, frère de Teddy, était présent dans l’échappée du jour et termine 4ème de l’étape.
L’intéressé se replace à la 9ème place du général à 3 mn 25 de Rullière par la même occasion.
A l’arrivée, la note est salée pour Carène et Ringuet qui déboursent tous deux 3 minutes et 29 secondes sur l’échappée victorieuse du jour.
Au classement général, Carène rétrograde à la 4ème place à 2 mn et 27 secondes de Rullière, nouveau maillot jaune.
Teddy Ringuet rétrograde, lui, à la 10ème place du général juste derrière son frère Patrice. Le leader de la sélection Guyane accuse désormais 3 mn 37s de retard sur le nouveau maillot jaune. C’est beaucoup.
Quant à la sélection de Guadeloupe, dans son ensemble, elle ne nous fera pas croire, sauf à jouer petit bras, qu’elle se satisfait de la victoire d’étape de Luis Sablon qui a réglé au sprint, le groupe d’échappée sans avoir pris les relais, son leader étant derrière.
Loin derrière mercredi.
Mais ce Tour un rien foldingue n’est pas terminé…
FF
Photo de Une (réalisée par Ronan Liétar) : Au centre sur la photo, les deux inséparables, englués au sein du peloton : Boris Carène dans la roue de Teddy Ringuet
En lien : le classement de cette 5ème étape
En lien: le classement général à l’issue de la 5ème étape à comparer au classement à l’issue de la 4ème.
1 commentaires
Que se passe-t-il ? FF a été lâché par le peloton, il abandonne la course ? ses commentaires n’ont pas plu aux organisateurs ?