Disparu depuis dimanche soir à la suite d’un accident de pirogue dans le secteur de Camopi, le chef coutumier de la communauté Teko et piroguier militaire Guy Barcarel a été retrouvé sans vie ce mercredi matin par des habitants de Camopi qui ont alerté les autorités. Le quadragénaire laisse une compagne et six enfants derrière lui.
Piroguier pour la Légion étrangère et chef coutumier de la communauté Teko de Camopi, Guy Barcarel, 45 ans, est mort des suites d’un accident de pirogue survenu dimanche soir alors qu’il participait à une opération de lutte contre l’orpaillage illégal pour le compte du 3e régiment étranger d’infanterie (REI).
Son corps a été retrouvé ce mercredi matin vers 8 heures par des habitants de Camopi qui ont alerté les autorités. Information que ces dernières nous ont confirmé. L’épilogue de deux jours et demi de recherches fluviales et héliportées menées par des plongeurs, l’hélicoptère Dragon de la sécurité civile et un hélicoptère de la section aérienne de gendarmerie (SAG).
Dimanche, vers 21 heures, Guy Barcarel était tombé de l’embarcation qu’il pilotait après avoir heurté un tronc d’arbre flottant à la surface. Le piroguier était alors engagé dans la prise en chasse d’une pirogue logistique de garimpeiros, sur la crique Jalbot, à une heure environ de navigation de Camopi, dans le cadre d’une mission Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal. Mission pour laquelle il était engagé comme sous-officier commissionné au titre du 3e REI depuis le 1er janvier 2016.
« L’embarcation a heurté un arbre alors qu’elle opérait de nuit par une météo défavorable. Sous le choc, le piroguier est tombé de l’embarcation », avait précisé lundi la préfecture dans un communiqué. Au cours de l’accident, un gendarme mobile de l’escadron 14/1 de gendarmerie mobile de Satory a également été blessé à la tête. Le militaire a été pris en charge au dispensaire de Camopi.
« Un homme engagé, un chef fier, un enfant de Guyane »
Père de six enfants, Guy Barcarel était, en plus d’être engagé dans la lutte contre l’orpaillage illégal, représentant de sa communauté et des peuples autochtones dans plusieurs instances. Au Grand conseil coutumier, à la Coordination des organisations des peuples autochtones de Guyane (Copag) mais aussi au Parc amazonien de Guyane (PAG) où il siégeait comme membre du conseil d’administration. Le Pag s’est ému hier de sa disparition et « s’associe à la douleur de la famille de Guy Barcarel et de toute la communauté teko de Camopi », soulignant l’engagement du défunt « dans la défense des patrimoines naturels et culturels de sa communauté« .
Le ministère des Armées et la préfecture de Guyane ont également salué la mémoire du chef coutumier, promu adjudant en janvier 2022 et investi dans la lutte contre l’orpaillage illégal au sein de l’armée depuis 2016. Guy Barcarel était depuis devenu « chef des piroguiers de la base opérationnelle avancée de Camopi« , écrit la préfecture dans un communiqué. « Ses connaissances sur la flore, la faune et la navigation sur les criques de la région de Camopi et du fleuve Oyapock se sont révélées indispensables à la bonne exécution des missions conduites par les légionnaires.«
« Un mort de plus d’un militaire engagé contre l’orpaillage illégal, encore un mort de trop… démontre une situation préoccupante en Guyane et souligne l’urgence que des mesures fortes soient prises pour lutter contre cette forme d’insécurité qui gangrène notre territoire. Nous, Maires de Guyane, rendons hommage au courage des militaires et des forces vives qui œuvrent avec détermination dans la lutte contre l’orpaillage illégal« , écrit de son côté l’Association des maires de Guyane qui adresse à la famille et aux proches de Guy Barcarel ses sincères condoléances.
« Nous nous souviendrons d’un homme engagé, d’un chef fier et d’un enfant de Guyane« , a fait part dans un communiqué le Grand conseil coutumier dont Guy Barcarel était membre depuis 2018 en tant que représentant du peuple Teko. D’autres organisations autochtones, comme les Jeunesses autochtones (JAG) ou la Coordination des organisations des peuples autochtones de Guyane (Copag), se sont également émues du décès de Guy Barcarel. La Copag, dont le chef coutumier était coordinateur à l’environnement, a lancé une cagnotte en ligne afin de soutenir financièrement la famille du défunt.
Enfin, plusieurs partis politiques et la Collectivité Territoriale de Guyane ont apporté leur soutien à la famille du disparu ainsi qu’à l’ensemble des Camopien(ne)s. Afin de rendre hommage à Guy Barcarel dont le corps a été rapatrié à Cayenne pour autopsie, la commune de Camopi a pris la décision de fermer les établissements scolaires ce jeudi et ce vendredi.
Photo de Une : Les opérations de recherches ont mis plus de deux jours pour retrouver la dépouille de Guy Barcarel © DR
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