Premier vice-président lors du précédent mandat, Jean-Yves Tarcy a été élu président de la Chambre d’agriculture de Guyane ce jeudi 13 février à Macouria, à l’issue d’un tour de vote à bulletins secrets. L’éleveur de Montsinéry a logiquement été intronisé : sa liste du Grage étant arrivée en tête des élections professionnelles la semaine dernière.
La Chambre d’agriculture de Guyane a un nouveau président pour les 6 prochaines années. Jean-Yves Tarcy, 41 ans, tête de liste du Grage, a été élu par ses pairs ce jeudi 13 février lors de la session d’installation de la Chambre d’agriculture renouvelée par les élections professionnelles de janvier.
En effet, lors de ces élections professionnelles, les électeurs ont d’abord désigné 22 représentants pour les 8 collèges de la Chambre. Ce sont ensuite ces grands électeurs qui élisent, lors de la première session d’installation, la présidence et le bureau qui constituent l’organe exécutif de la Chambre.
C’est cette élection qui a eu lieu à bulletins secrets, sous le contrôle des services de l’Etat, ce jeudi à Macouria, au siège de la chambre consulaire.
Démarré à 10h20, le vote pour la présidence a été assez rapide. Il y a 6 ans, ce vote avait nécessité trois tours de scrutin. Albert Siong, président sans discontinuité depuis 2013, avait été reconduit pour un nouveau mandat au bénéfice de son ancienneté, les deux principaux candidats à la présidence n’arrivant pas à se départager par les urnes.
Cette année, une majorité s’est dessinée dès le vote des différents collèges en janvier, propulsant le Grage en tête des deux principaux collèges qui représentent les chefs d’exploitation de plus et de moins de 10ha.
Cette majorité a été confirmée ce jeudi, Jean-Yves Tarcy étant élu par 14 voix contre 7. Emu aux larmes, le nouveau président de la chambre d’agriculture a affirmé avoir entendu les doléances du monde agricole pendant la campagne et promis de mettre en oeuvre les éléments de sa feuille de route pour ce mandat 2025-2031.
« Notre intérêt est celui du territoire. A l’issue de l’installation, nous allons rappeler la place des agriculteurs dans l’économie guyanaise », a-t-il déclaré. L’aménagement de voiries, le Posei, l’installation des jeunes agriculteurs, les questions foncières, le développement technique sont autant de défis qui attendent Jean-Yves Tarcy.

La présidence et le bureau de la chambre d’agriculture ont été désignés par les 22 membres de la chambre consulaire élus en janvier © Guyaweb
« Redonner à la chambre consulaire sa place »
Quelques minutes plus tard, les élu(e)s de la Chambre ont procédé à l’élection du bureau. C’est cet organe qui fera tourner la chambre consulaire, les élus n’étant convoqués que deux fois par an lors d’assemblées consultatives. En plus du président, ce bureau est constitué de neuf membres. Jong-Patrice Lau a été élu 1er vice-président, Irina Dorilas 2e vice-présidente et Paul Yang, tête de liste Jeunes agriculteurs / FDSEA lors de ces élections, est secrétaire du bureau.
« C’est un bureau ouvert à ceux qui ont voulu venir pour avoir une représentation territoriale et paritaire de l’agriculture guyanaise » a souligné Jean-Yves Tarcy. L’équipe a été rajeunie par rapport à la précédente mandature. Ces nouveaux élus devront être formés.
En revanche, aucun membre du Modef, 3e syndicat du territoire qui a obtenu cinq sièges sur 22 au sein de la Chambre dans ces élections, ne figure dans la composition du bureau. « Nous avons souhaité rester dans une opposition constructive, force de proposition« , nous a expliqué sa présidente Laurietta Carolina. « Nous serons vigilants sur toutes les décisions prises et délibérations votées par la chambre. » En tant que syndicat d’opposition, le Modef sera attentif aux sujets du foncier, du bien-être des agriculteurs et de l’accompagnement de proximité. « Ce sont selon nous les priorités de la mandature« , estime la présidente du Modef et du Groupement des agriculteurs d’Apatou (GDA).
Le président sortant, Albert Siong, a de son côté appelé à la solidarité entre les agriculteurs et les syndicats lors du passage de relais avec Jean-Yves Tarcy. « Nous avons besoin d’une force commune pour accompagner le développement de l’agriculture guyanaise. Quand je suis arrivé à la tête de la chambre en 2013, elle était sous l’eau. Nous avons assaini les finances pour la remettre sur de bons rails. Aujourd’hui, la chambre est en bonne santé financière, donc à vous de jouer pour développer un bon programme.«
La tâche s’annonce « rude » reconnaît le nouveau président de la Chambre. « Beaucoup de boulot nous attend. Les agriculteurs comptent sur nous. Nous devrons leur montrer que la Chambre est près d’eux, au travers ses techniciens et élus. Il faut redonner à la chambre consulaire sa place auprès des partenaires et du monde agricole. Elle va devoir se faire respecter davantage » annonce Jean-Yves Tarcy.
Son élection à la tête de la chambre serait d’ailleurs motivée par son tempérament jugé « plus affirmé » que celui de son prédécesseur Albert Siong, « trop consensuel face aux partenaires » nous glisse un élu de la Chambre. « Jean-Yves Tarcy a des positions plus tranchées. » Pour autant, l’agriculteur nous indique qu’il privilégiera « le partenariat au rapport de force systématique ».
Le travail avec la présidente de la Safer Chantal Berthelot, co-fondatrice du Grage Guyane, ne devrait pas poser de problèmes. Les deux représentants étant issus du même syndicat et partageant des visions communes. « Cette cohérence sera essentielle pour relever les défis énormes qui nous attendent« , estime Jean-Yves Tarcy. La Safer a d’ailleurs signé cette semaine une convention financière avec l’Etat et la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) à hauteur de 500 000 euros pour mener l’ensemble de ses missions de gendarme du foncier agricole.
Photo de Une : Jean-Yves Tarcy, éleveur à Montsinéry, a été élu ce jeudi président de la Chambre d’agriculture © Guyaweb
1 commentaires
Ben voilà, ça c’est une très belle image symbolique et représentative de la diversité locale et de la parité. C’est tout de même étrange que de simples agriculteurs, eux y parviennent visiblement sans trop de difficulté. Même si c’est un tabou…depuis le temps, le sommet régalien local devrait essayer de s’en inspirer, au moins de temps à autres.