Samedi 23 Novembre

Crise humanitaire en Guyane : étude d’un « plan ORSEC Hébergement d’Urgence » et d’une « délocalisation de la SPADA »

Crise humanitaire en Guyane : étude d’un « plan ORSEC Hébergement d’Urgence » et d’une « délocalisation de la SPADA »

Alors qu’un millier de sinistré.es de la Source de Baduel ont été relogé.es en urgence jusqu’au 16 août dans différents gymnases* de collèges de Cayenne mis à disposition par la Collectivité territoriale de Guyane du fait de « la gravité et de l’urgence de la situation », se posent aujourd’hui des questions quant à des solutions pérennes pour le relogement des sinistré.es et concernant la politique migratoire en Guyane. Pour faire face à cette crise humanitaire touchant le coeur de la ville-capitale, un plan « ORSEC Hébergement » est à l’étude et des propositions sont attendues « au cours de la semaine prochaine. »

Visible à des kilomètres, un énorme et épais champignon de fumée s’élevait dans le ciel de Cayenne, signe d’une catastrophe humanitaire d’ampleur. Le samedi 27 juillet, un important incendie – le deuxième survenu cette année – s’est déclaré vers 15h et a détruit près de 80% du quartier informel de la Source de Baduel, l’un des nombreux sites d’habitat précaire de la ville-capitale de la Guyane. Fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer. Mais dans ce quartier informel vivaient dans des conditions très modestes plus de 1000 personnes selon la préfecture, qui déclencha sa cellule de crise afin de coordonner les opérations de secours ainsi que la prise en charge des sinistré.es.

Deuxième incendie dans le quartier de Baduel

Dans deux courriers adressés le 8 août à l’Elysée pour d’une part « demander le renforcement de l’Etat dans la gestion de la catastrophe du Mont Baduel » et d’autre part « la délocalisation de la Structure du Premier Accueil des demandeurs d’asile » (SPADA) vers les villes de Saint-Georges de l’Oyapock et Saint-Laurent-du-Maroni, frontalières avec respectivement le Brésil et le Suriname et points d’entrée des demandeurs d’asile, la maire de Cayenne Sandra Trochimara rappelait que lors de la visite éclair du chef de l’État en Guyane fin mars dernier, un incendie dans un quartier informel de Baduel s’était déjà déclaré, faisant malheureusement trois victimes.

Sur place, Emmanuel Macron avait fait une déclaration en trois points, évoquant d’abord « l’action à conduire » à savoir « continuer à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine », puis le fait « d’avoir un travail pour accueillir dans la dignité, dans l’hébergement d’urgence et l’école, les enfants et les familles qui arrivent dans ces situations », et enfin le fait d’« aider les collectivité à adapter la règle, et permettre, en particulier à la commune de Cayenne, d’en reprendre la possession, dans des sites comme celui-ci ou en centre-ville. »

« Plan ORSEC Hébergement d’Urgence » et « délocalisation de la SPADA » 

Reçue mercredi 13 août par Patrice Faure, directeur de cabinet du président de la République et ancien préfet de Guyane (2017-2019), avec Gabriel Serville, président de la CTG, en distanciel, la maire de Cayenne a indiqué dans un communiqué que pour faire face à cette crise humanitaire d’ampleur il a été retenu « l’étude rapide » d’un « plan ORSEC Hébergement d’Urgence pour les sinistrés sur des modalités opérationnelles adaptées au territoire », des propositions étant attendues « au cours de la semaine prochaine ». 

Bien que le terme « ORSEC » soit conservé, il ne signifie plus simplement « ORganisation des SECours » mais de manière plus large « Organisation de la Réponse de SEcurité Civile », conçue pour mobiliser et coordonner, sous l’autorité unique du préfet, les acteurs de la Sécurité civile au-delà du niveau de réponse courant ou quotidien des services, afin de mettre en place une organisation opérationnelle permanente et unique de gestion des événements touchant gravement la population.

Dans l’organisation opérationnelle ORSEC, il y a le dispositif d’« Hébergement » mis en œuvre à la suite d’un événement de grande ampleur comme celui de l’incendie des habitats précaires de la Source de Baduel, nécessitant la prise en charge des personnes sinistrées ou impliquées par la mise en place de solutions collectives et provisoires pour répondre aux besoins premiers et vitaux des personnes concernées (accueil, ravitaillement, hébergement, transport, soutien, soins, etc…). Bien évidemment, ce futur plan « ORSEC hébergement » devra aussi prendre en compte la bonne rentrée scolaire de ces enfants sinistrés.

 Quant aux conditions d’accueil des demandeurs d’asile par la SPADA, », il a été retenu « l’étude rapide » d’une « délocalisation des services vers les deux sous-préfectures » des villes frontalières de Saint-Georges de l’Oyapock et Saint-Laurent du Maroni, ainsi qu’une « gestion administrative adaptée des demandeurs d’asile afin de limiter au maximum les nuisances et les troubles à l’ordre public. »

« Défaillances des services de l’État en matière de régulation du flux migratoire » selon Jean-Victor Castor, député de la 1ère circonscription de Guyane

Participant à une réunion de crise en préfecture organisée ce mardi 13 août, le député Jean-Victor Castor a « rappelé au préfet les défaillances des services de l’État en matière de régulation du flux migratoire dans notre pays, ainsi que la précarisation de ces populations, due à l’absence quasi totale d’une politique d’accueil adéquate ».

Pourtant, il y a quatre mois à peine, lors du précédent incendie à Baduel, le chef de l’État Emmanuel Macron déclarait sur place qu’ « il y a une réponse d’urgence mais aussi dans la profondeur, pour pouvoir réaménager les choses et permettre à la Guyane d’avoir aussi des règles qui correspondent à ces défis, qui sont ceux de la pression migratoire, ceux aussi des situations familiales et qui évitent des situations comme celle-ci. On va vous aider à apporter une réponse dans la durée». Après les déclarations de l’Elysée, des actes sont donc attendus « dans la durée ». Wait et see….

* Alors que les sinistré.es avaient été réparti.es dans trois établissements scolaires de Cayenne pour assurer leur hébergement temporaire et leur prise en charge, à savoir le collège Gérard Holder (467 personnes, dont 206 femmes et 261 hommes), le collège Justin Catayée (277 personnes, parmi lesquelles se trouvent 141 femmes et 136 enfants) et le collège Paul Kapel (298 hommes sinistrés), ce dernier a été évacué lundi 12 août, sans aucune communication de la part de la préfecture de Guyane.

Photo de Une : Un incendie dans un quartier informel, faisant trois victimes, s’est déclaré lors de la visite d’Emmanuel Macron les 25 et 16 mars 2024 Guyane. Capture d’écran © You Tube Elysée

A lire aussi : La solidarité s’organise après l’incendie du quartier informel de la Source de Baduel 

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