Alors que les incendies en Amazonie ont provoqué une forte émotion internationale, la ministre des Outre-mer et les élus guyanais du parti présidentiel En Marche ! – les sénateurs Antoine Karam et Georges Patient, le député Lenaïck Adam et le président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) Rodolphe Alexandre – appellent à agir contre les feux de forêt et pour le reboisement en Amazonie dans une tribune parue sur le JDD ce dimanche. Qualifiée d’ « acte de communication gouvernementale dans un contexte dramatique » par le député Gabriel Serville et critiquée par le Grand Conseil Coutumier qui dénonce l’incohérence entre le discours et les actes, cette tribune ne fait pas l’unanimité.
« On l’oublie souvent, le président brésilien l’oublie : la plus grande frontière extérieure de la France, c’est entre la Guyane et le Brésil » rappellent la ministre des Outre-mer et les élus de la majorité présidentielle signataires de la tribune “La France, pays d’Amazonie – Préservons ce bien commun de l’humanité” parue ce dimanche 25 août dans le JDD (Journal Du Dimanche).
Les signataires plaident pour la création d’un fonds international pour l’Amazonie afin de “lancer des actions de lutte concrètes, ponctuelles, ciblées directement sur les acteurs locaux, contre les feux de forêt et pour le reboisement” qui concernerait “les zones incendiées, mais également celles touchées par les erreurs des hommes : sites pollués par l’orpaillage illégal, friches érodées d’une surexploitation agricole”.
Ils demandent également « à l’Union européenne de doubler son fonds de développement interrégional dédié à la biodiversité et au développement de l’Amazonie ».
“Un acte de communication gouvernementale”
Le député guyanais d’opposition Gabriel Serville indique pour sa part qu’il n’a “pas souhaité co-signer cette tribune” et il évoque divers points d’achoppements lors de sa rédaction notamment la phrase “Unis aujourd’hui autour de la Collectivité Territoriale de Guyane, nous demanderons à l’Union européenne de doubler son fonds de développement interrégional dédié à la biodiversité et au développement de l’Amazonie.”
Sur ce point le député Serville a expliqué à Guyaweb que “personnellement [il] ne peut pas être dans l’union autour de la CTG car elle a démontré sa volonté de se battre en faveur du projet de la Montagne d’Or, un projet écocide.”
Il considère également que cette tribune est un “acte de communication gouvernementale dans un contexte dramatique” même si selon lui “on ne peut pas rester insensible à ce qui se passe dans l’Amazonie.”
Le Grand Conseil Coutumier “refuse” de co-signer
Bien que son président figure comme co-signataire de la tribune parue au JDD, le Grand Conseil Coutumier (GCC) des peuples amérindiens et bushinengé de Guyane a indiqué dans une “contre-tribune” datée du 25 août et intitulée “Amazonie, une forêt et des peuples” avoir « refusé de co-signer la tribune de Madame la ministre Annick Girardin » en raison « du manque d’engagement au niveau de la reconnaissance des droits des peuples autochtones et leur rôle dans la préservation de la biodiversité.»
Si le Grand Conseil Coutumier soutient “la proposition d’augmenter les fonds alloués par l’Union européenne sur le développement de l’Amazonie”, il demande toutefois “une garantie sur la participation pleine des peuples autochtones à sa gestion.»
Idem sur la proposition de création d’un fonds international pour l’Amazonie qui selon le GCC « devra être directement géré en Amazonie par les peuples autochtones et les communautés”.
Nous sommes dans l’étonnement face au positionnement du président Emmanuel Macron qui consiste à dénoncer la destruction de l’Amazonie brésilienne ou bolivienne mais qui parallèlement attribue 360 000 hectares de forêt aux entreprises minières, en Guyane, en Amazonie française. (Grand Conseil Coutumier)
Enfin le Grand Conseil Coutumier, instance consultative, souhaite son “renforcement en instance décisionnaire avec de véritable moyens de fonctionnement” ainsi que “la ratification par le gouvernement français de la Convention 169 de l’OIT [Organisation Internationale du Travail, ndlr] afin de reconnaître véritablement le droit des Peuples Autochtones.”
Une autre voix discordante est celle de l’Organisation des Nations Autochtones de Guyane (ONAG) qui elle aussi “se désolidarise de la tribune pour l’Amazonie co-signée par la Ministre des Outre-mer et les élus guyanais ».
GCC – Tribune Amazonie – 25 août 2019-1 by GUYAWEB on Scribd
5 commentaires
cela suffit tout ce bloublou des bien-pensants du courant majoritaire ! Occupez-vous d’abord de balayer devant votre carbet, et arrêtez d’encourager les activités climaticides et de déforestation dans NOTRE Guyane – fini les nouvelles concessions minières, fini les pelles mécaniques qui détruisent nos forêts. Personne n’est dupe de l’hypocrisie des promoteurs de la « tribune officielle », à commencer par la CTG ! Faut vraiment que vos enfants et petits-enfants vous expliquent combien vous êtes nocifs pour l’environnement !
On se contenterait de moquer cette tribune à la bloublou, pondue pour ne pas se faire oublier à défaut de la moindre strukturasyon des idées par ailleurs inexistantes au sein de cette cour de miracle lokal, mais la signature de Rodolphe Alexandre irrite plus que tout. Elle rend agressif.
« lancer des actions de lutte concrètes, ponctuelles, ciblées directement sur les acteurs locaux … les erreurs des hommes : sites pollués par l’orpaillage illégal, FRICHES ERODEES D’UNE SUREXPLOITATION AGRICOLE”.
Oh le culot… Ca ose vraiment tout à la CTG.
Leur perdisyon habituelle re-étalée encore par leur positionnement pro-mine ne mérite même pas de commentaires, d’autres s’en chargent. Restons simplement sur le réel guyanais déjà réalisé.
Un Rodolphe Alexandre ose signer une telle tribune, lui, président d’un EP(F)AG à la dérive et partie prenante du pillage des quelques – cad TOUS – les agriculteurs de Wayabo qui osaient, moi en premier, de pratiquer une déforestation raisonnée en introduisant les premières mesures de préservation en Guyane, fondements de l’agronomie dont ces tristes sieurs ignorent jusqu’à la définition…
Un Rodolphe Alexandre qui, président d’un EP(F)AG à la dérive administrativo-pillardesque à tous niveaux, qui « NE SAIT PAS » pourquoi il file des terres à l’un et pourquoi il vole les biens de l’autre, co-auteur/responsable de ces mesures arbitréro-discriminatives les plus abjectes de ces dernières décennies, à vocation de favoriser ou saboter – selon des critères indicibles de la potasyon-magoullizasyon – ose appeler « contre les feux de forêt et pour le reboisement”…
Après avoir laissé cours au pillage des biens de ceux qui devançaient de 15 ans sa découverte opportuniste, voulant ratisser trop large pour être crédible…
Je dois vomir.
(Je demande à l’Union européenne de supprimer son fonds de développement interrégional dédié à la biodiversité et au développement de la Guyane, le pb de cette dernière n’étant point financier mais purement institutionnel, débouchant entre autres sur de mortifères erreurs de casting dans la représentativité lokal.)
Je vomis avec vous GZ.
L’interview de Mme Sirder, vice présidente déléguée aux mines à la CTG, dans le FG de ce jour, donne également la diarrhée. C’est le même cynisme que celui qui est au pouvoir au Brésil.
EVDC madame Sirder, c’est bien pour protéger l’environnement que vous vous accaparer tant de terres à Matoury ?
L’interview de Mme Sirder est un concentré, mériterait une dissection.
En tout cas, il relativise l’intérêt du « renouveau » proposé du PSG, le bloublou étant strictement le même partout : aller vers l’intérieur pour faire on ne sait quoi (à part de détruire), on ne sait comment – sans aucun questionnement du réel.
Vraiment atroce cette détermination d’aller en avant sur cette même voie, poussés par leurs intérêts perso.