Samedi 23 Novembre

CSG : l’ancien pas de tir de Soyouz réattribué à l’opérateur MaiaSpace pour l’exploitation d’un lanceur réutilisable

CSG : l’ancien pas de tir de Soyouz réattribué à l’opérateur MaiaSpace pour l’exploitation d’un lanceur réutilisable

À la suite d’un appel à candidatures lancé en avril par le Centre national d’études spatiales (Cnes), l’opérateur privé MaiaSpace, filiale d’ArianeGroup, a été sélectionné pour exploiter son lanceur réutilisable depuis l’ancien pas de tir Soyouz du Centre spatial guyanais, inexploité depuis le retrait des Russes en mars 2022 en lien avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. 

Silencieux depuis plus de deux ans, l’Ensemble de lancement Soyouz (ELS) du Centre spatial guyanais va à nouveau vibrer d’ici à 2026. Après 27 lancements réussis de la fusée russe Soyouz depuis la Guyane, Moscou avait pris la décision en février 2022 de suspendre la coopération avec l’Europe et de rapatrier ses 87 techniciens présents sur place. Cette décision, mettant fin à onze années de coopération, avait été prise en réaction aux sanctions de l’Union européenne à l’encontre de la Russie après l’invasion de l’Ukraine.

Terminée donc l’exploitation du pas de tir installé près de Sinnamary. Seules une maintenance et une surveillance étaient maintenues, notamment du fait de la présence de lanceurs russes restés sur place, puis échangés en 2023 contre une trentaine de satellites britanniques OneWeb, immobilisés sur la base spatiale de Baïkonour au Kazakhstan.

Par la suite, en novembre 2023, la décision a été prise lors du sommet spatial de Séville, réunissant l’ensemble des ministres du spatial concourant au programme spatial européen, de transférer la propriété des infrastructures de Soyouz au Centre national d’études spatiales (Cnes), le gestionnaire de la base de Kourou, en lieu et place d’Arianespace, la société qui commercialise les vols spatiaux européens.

L’agence spatiale française a ensuite lancé en avril dernier un appel à candidatures pour permettre à un nouvel opérateur de bénéficier de ces infrastructures. C’est donc la start-up MaiaSpace qui a remporté cet appel à candidatures comme annoncé ce 26 septembre par communiqué par l’entreprise, filiale à 100% de l’industriel ArianeGroup, le constructeur des fusées Ariane.

Des perspectives pour le Centre spatial guyanais 

Créée en 2022, MaiaSpace a pour objectif de concevoir, construire, opérer et commercialiser le premier mini-lanceur réutilisable européen, nommé « Maia ». Son exploitation commerciale, prévue pour 2026, s’effectuera donc depuis la Guyane.

« Avec cette décision, MaiaSpace est fière de contribuer au développement économique et à l’innovation en Guyane, à travers des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros pour l’adaptation du pas de tir à nos besoins, ou le développement d’une nouvelle filière locale de production de méthane biosourcé » indique l’entreprise par communiqué.

Les critères de sélection de l’appel à candidatures comprenaient, entre autres, la capacité de déployer au minimum 1,5 tonne de charges utiles en orbite terrestre basse d’ici à 2027, la crédibilité du modèle économique du système de lancement, la maturité technique et financière et la responsabilité environnementale du projet, la réutilisation des infrastructures d’un pas de tir déjà existant contribuant à ce dernier critère.

« La Guyane française n’est pas seulement un lieu idéal pour lancer des satellites dans l’espace, bénéficiant de l’effet de fronde généré par la rotation de la Terre. Avec une très large ouverture sur l’océan Atlantique, le Centre spatial guyanais permet l’accès à toutes les inclinaisons d’orbite tout en étant une solution parfaite pour récupérer l’étage principal du lanceur sur une barge en mer, à quelques centaines de kilomètres des côtes » indique la start-up.

Cette annonce participe enfin à la mue de la base spatiale de Kourou, jusqu’ici dédiée aux lancements institutionnels mais qui va désormais être ouverte aux opérateurs privés, comme décidé lors de la Ministérielle de Séville* de novembre 2023. En effet, l’Agence spatiale européenne a pris la décision d’introduire plus de compétition au sein du Vieux continent en supprimant notamment le principe de retour géographique et en s’ouvrant davantage aux acteurs privés, alors que l’industrie spatiale européenne était jusqu’ici caractérisée par une très forte dominante publique et institutionnelle. Désormais, Arianespace ne sera plus l’unique acteur en Europe à commercialiser des vols spatiaux.

En conséquence, la base de Kourou va évoluer dans les prochaines années. « Le CSG, qui aujourd’hui n’opère que pour une seule compagnie, Arianespace, va être reconfiguré en aéroport spatial fournissant des infrastructures pour plusieurs compagnies et différents types de lanceurs » avait annoncé en janvier Philippe Baptiste, le patron du Cnes, lors des voeux de l’agence organisés à l’Encre à Cayenne.

Photo de Une : une illustration du futur lanceur réutilisable de l’opérateur privé MaiaSpace qui sera capable à partir de 2026 de placer 1,5 tonne de charges utiles en orbite héliosynchrone dans sa version consommable et 500 kg dans sa version réutilisable © MaiaSpace

*La « Ministérielle de Séville » est la réunion annuelle des ministres en charge du spatial, qui définit les grandes orientations stratégiques du programme spatial européen piloté par l’Agence spatiale européenne (ESA).

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