Gustavo Petro, premier président de gauche de l’histoire du pays, a été investi pour un mandat de quatre ans ce dimanche 7 août 2022.
Il a pris ses fonctions dans la capitale Bogotá en compagnie de sa vice-présidente Francia Márquez (photo de Une) au cours d’une cérémonie chargée de symboles et empreinte d’une réelle ferveur populaire, sensible également sur une grande partie du territoire national.
Gustavo Francisco Petro Urrego et Francia Elena Márquez Mina portent en effet les espoirs de millions de Colombiens exclus d’un système politique contrôlé depuis plus de deux siècles par un establishment au sein duquel se transmettait traditionnellement le pouvoir.
Bien qu’ayant derrière lui plus de 30 ans d’une carrière politique l’ayant conduit notamment à être député et sénateur ainsi que maire de la capitale, Gustavo Petro – qui fut guerrillero dans sa jeunesse – n’est pas issu de ces élites ancrées à droite de l’échiquier politique.
L’accession à la vice-présidence de Francia Márquez, première femme noire à occuper ce poste, issue d’un milieu très modeste, victime directe du conflit armé interne, avocate et militante sociale, écologiste et féministe, incarne plus encore le tournant majeur que connaît la Colombie.
Les deux premiers dirigeants progressistes de l’histoire du pays, âgés respectivement de 62 et 40 ans, portent un ambitieux programme de réformes structurelles dans de nombreux domaines et vont devoir relever des défis considérables afin de pouvoir le mettre en œuvre.
Le premier est celui de la mise en œuvre d’une « paix totale », d’une « paix véritable », ce qui suppose la résolution du conflit armé interne multiforme déchirant la Colombie depuis plus de soixante et dont l’un des moteurs essentiels est le trafic de drogue.
Les nouveaux dirigeants du pays veulent aussi mettre en œuvre des réformes sociales – santé, éducation, retraites notamment – dans un pays parmi les plus inégalitaires au monde et dont près de 40% des habitants vivent dans la pauvreté.
Cela implique une profonde réforme fiscale renforçant la contribution des citoyens les plus aisés et des grandes entreprises, la première mesure que le gouvernement Petro a l’intention de présenter devant le Congrès de la République.
Des réformes agraires et du droit du travail sont aussi prévues, ainsi qu’une transition énergétique visant à réduire la dépendance du pays aux exportations d’hydrocarbures qui sont un des piliers de son économie et lui procurent d’importants revenus, accrus dans le contexte international actuel.
Pour mettre en oeuvre son programme et répondre aux attentes immenses de ceux qui l’ont porté au pouvoir, Gustavo Petro s’est montré pragmatique en s’entourant d’une équipe de ministres paritaire et formée de personnalités pour la plupart expérimentées, respectées et modérées.
A partir du Pacte Historique, la large coalition de gauche constituée avant son élection, il a également su élargir son assise parlementaire en nouant des alliances avec plusieurs partis et figures politiques importants du centre et de la droite modérée.
Ce dimanche 7 août lors de son discours d’investiture, le nouveau président colombien a voulu rassurer ceux de ses concitoyens qu’inquiète son arrivée au pouvoir, en assurant que le dialogue avec tous serait « sa méthode » et la conclusion de larges accords « son objectif ».
« Nous unirons, avec toutes et tous, notre chère Colombie. Nous devons en finir avec la division qui traverse notre peuple. Je ne veux pas de deux pays, de même que je ne veux pas de deux sociétés. Je veux une Colombie forte, juste et unie » a-t-il conclu.
A lire, ce dossier publié par le quotidien colombien EL Espectador sur les profils des nouveaux dirigeants et les clefs de l’ère Petro.
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Entre le Mexique, le Honduras et la Colombie, un vent de l’Ouest souffle sur l’amérique centrale et du sud…