Samedi 23 Novembre

Cazeneuve, des annonces contredites par les faits : 32 gendarmes de Maripasoula affectés en Guadeloupe !

Cazeneuve, des annonces contredites par les faits : 32 gendarmes de Maripasoula affectés en Guadeloupe !
Information Guyaweb en accès libre !

C’est une information qui nous a été confirmée ce jour par plusieurs gendarmes et dont le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve ne s’est pas vanté lors de ses discours en préfecture puis au commissariat de police aujourd’hui (deux discours écrits par son staff mais presque identiques au demeurant). En effet, alors que le ministre annonce de futurs renforts pour la police et la gendarmerie en Guyane, en l’état la réalité est toute autre.

Il y a environ deux semaines, 32 renforts de gendarmes affectés sur le haut Maroni en particulier à Maripasoula, ont été affectés… en Guadeloupe pour faire face à la violence dans cet autre département d’outre-mer.

«Ils sont partis, on est ravis… », a pesté à sa manière une source importante à la gendarmerie de Guyane contactée par Guyaweb.

Impossible d’approcher le ministre sur le sujet ce matin, son service communication n’a pas souhaité qu’il réponde à nos questions, ne serait-ce que 5 petites minutes, après nous en avoir demandé le thème déjà envoyé une première fois par courriel hier, soit dit en passant (orpaillage illégal, droit d’asile, insécurité).

Même attitude envers nos confrères de la presse locale ce matin, une consœur de RCI (Antilles), Natacha Maltaverne, a vu Bernard Cazeneuve lui opposer une fin de non recevoir lorsqu’elle a osé lui demander sa position sur la fermeture des guichets d’accueil des demandeurs d’asile par le préfet : « c’est dans mon discours», a alors rétorqué le ministre à notre consœur pour toute réponse avant de tourner les talons, l’une des spécialités maîtrisées de Bernard Cazeneuve avec l’escamotage des questions de journalistes non adoubés, depuis son arrivée en Guyane.

Sur notre insistance, le service de communication du ministre a fini par nous suggérer de «regarder Guyane 1ère », où le ministre s’est rendu hier pour y trouver «toutes les réponses», aux questions que nous n’avons pu poser.

En résumé, un seul canal médiatique, un discours à relayer sans poser de questions, nous voilà revenu au temps du ministère de l’information.

A l’Hôtel de police de Cayenne, les gros bras du service d’ordre du ministre ont, eux, fait barrage afin d’éviter que les dangereux journalistes n’approche l’hermétique ministre de l’intérieur :« pas de séquence presse ici ! » nous a-t-on asséné avec de gros yeux prompts à en découdre.

«Avec 50% d’adjoints de sécurité sur les effectifs annoncés, cela va poser un sérieux problème d’encadrement car nous n’auront pas les effectifs pour pouvoir les gérer (Un représentant du syndicat Unité SGP Police)

La réalité des 60 renforts de police annoncés par le ministre au cours de son discours à l’Hôtel de police prévoit que 30 des 60 personnels soient des adjoints de sécurité (ADS) : «Avec 50% d’ADS sur les effectifs annoncés, cela va poser un sérieux problème d’encadrement car nous n’auront pas les effectifs pour pouvoir les gérer alors qu’on sait que leur compétence au départ est vraiment limitée. », soupirait Willy Ranguin, du syndicat Unité SGP police, ce matin.

Dans ses discours redondants à la préfecture et au commissariat de police, Bernard Cazeneuve a souligné que ces futurs adjoints de sécurité avaient vocation « à être recrutés en Guyane, à passer les concours, à devenir par exemple brigadiers».

Un catalogue qui n’a pas convaincu le représentant syndical : «Quand bien même ils passeraient ensuite le concours pour être policiers, on leur demanderait alors de faire 8 ans minimum en Région parisienne avant de pouvoir revenir en Guyane. C’est le tarif lorsque vous réussissez un concours national. Donc ce n’est pas prêt de bénéficier à la Guyane. Ce sera du très long terme. Nous avons déjà des collègues guyanais qui n’arrivent pas à revenir. Nous avons demandé qu’une dérogation soit mise en œuvre pour que les collègues guyanais puisse revenir au bout de deux ans. Notre demande est restée sans effet à ce jour».

Au cours de son discours dans la cour mal ventilée du vieillot commissariat de police, le ministre avait joué la grande ouverture limite main sur le cœur, prenant à témoin le public : «je recevrai aujourd’hui les syndicats de policiers comme je les reçois toujours».

Quelques minutes plus tard, alors que tout le monde ou presque était déjà parti, Willy Ranguin déchantait à notre micro : «c’est un simple conseiller du ministre qui nous a reçus. Il nous a dit que le ministère faisait déjà beaucoup…», 

FF

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10 commentaires

  • Mickael

    Rigolez, c’est avec votre argent !

  • Jmc

    C’est vrai où c’est un gag ?

  • FF

    C’est absolument exact.

  • asf973

    J’en remets une couche. « C’est absolument exact. »
    Merci à Frédéric Farine et à Guyaweb pour ce travail de qualité et surtout pour nous dire enfin la vérité!

  • Pagainnom

    Je reviens de plusieurs jours sur le fleuve : les brésiliens (logistique de l’orpaillage) ne se cachent même pas, nombreux carbets, pollution (détritus), absence de gibier. Ils attendent les pirogues avec le ravitaillement.
    Comment croire que l’Etat a la volonté d’éradiquer l’orpaillage illégal alors que de simples promeneurs rencontrent les garimperos aussi facilement….
    C’est du foutage de gueule.
    En attendant, la Guyane continue à être polluée, pillée (or + gibier)…
    Les hauts fonctionnaires se félicitent entre eux, perçoivent de hauts salaires, s’accordent mutuellement des primes et interdisent aux journalistes de poser certaines questions. La Guyane est malheureusement encore une colonie.

  • Tobbie Rat

    C’est un clown ce Nanard, en privé il aime les calembours, en public il fait le ministre. Du déjà vu du temps de Sarko.

  • Segonzac

    Voilà l’attitude classique des représentants de la République… Du mépris, encore du mépris, toujours du mépris! Quelque fois de la condescendance… et ce n’est pas beaucoup mieux!

  • TBMpla

    Tu vois Fred, hier soir j’étais hors de moi quand j’ai vu le reportage de l’ORTF Guyane avec le discours étatique comme commentaire et des images d’ailleurs absolument hors sujet : le saut des Pères tout tranquille devient le dangereux saut Sonnelle qu’il faut passer pour aller voir un barrage de gendarmerie… qui n’est non seulement plus à Saut Sonnelle depuis février mais qui en plus est désormais en aval à 2 km de l’embouchure de l’Inini, sans aucun saut à passer ! Bon passons, il fallait des images avec un texte à sensation pour nous montrer comment le ministre avait été courageux d’affronter un tel environnement…
    Là où l’indécence n’a absolument plus de limite, c’est quand on annonce 67% de baisse de sites aurifères clandestins en prenant l’ensemble des chiffres de la Guyane pour les appliquer au seul territoire du Parc ! Laurent Marot a tenté de faire comprendre la supercherie mais le ministre a poursuivi sur la même ligne droit dans ses bottes, se contentant de réciter un discours peaufiné par notre préfectorale qui n’a de cesse depuis 2 ans de démonter la réalité de terrain que rapportent ceux qui bossent contre cet orpaillage clandestin, gendarmes ou militaires, mais aussi en premier lieu les agents du Parc qui ont du avaler de rage leurs casquettes, leur uniforme, la pirogue et le tanker avec, s’ils ont entendu la voix de l’Intérieur hier soir… Avec 128 sites répertoriés cet été par le PAG, soit l’équivalent du pire résultat jamais enregistré (à 4 unités près…), avec des flux permanents humains comme matériels qui ont explosé depuis 4 mois (merci le Brexit qui a fait flamber le cours de l’or…), une fourmilière de plus en plus active par monts et forêts… Bref nos voix de l’intérieur ne peuvent que dénoncer un faux et usage de faux de la part des plus hautes autorités de l’Etat…
    Franchement bien énervé.

  • Faudrait il en tuer deux ou trois pour que les gendarmes reviennent ?

  • Des contractuels (non enseignants de formation) pour l’éducation de nos enfants et des ADS pour la sécurité. Bientôt, on demandera aux plombiers de faire du pain et aux curés d’éteindre les incendies. Dans quelle région la population accepte-t-elle un tel mépris de la part de l’Etat ? Il serait temps que la Guyane se réveille, non ?

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