Près d’un an jour pour jour après une manifestation contre l’insécurité, l’association Trop Violans a de nouveau défilé dans le centre-ville de Cayenne mardi pour dénoncer les violences et alerter le nouveau préfet Antoine Poussier sur les enjeux de sécurité. Plusieurs familles de personnes assassinées ces derniers mois étaient présentes dans le cortège.
Terreau politique de Trop Violans, la dénonciation des violences générées par la délinquance a fait l’objet mardi 29 août d’une nouvelle action de terrain. En fin d’après-midi, une marche contre l’insécurité a été organisée par l’association entre la caserne des pompiers de Cayenne et la place de Grenoble, siège de la préfecture.
Près d’un an jour pour jour après une marche sur le même thème qui avait réuni 1000 personnes dans un contexte accru de violences avec de nombreux homicides, « rien n’a changé » constate un père de famille venu manifester hier « en hommage à un ami tué« . Il y a un an, élus locaux et État avaient réagi à la flambée de meurtres en organisant des Assises de la sécurité auxquelles trois ministres – Intérieur, Justice, Douanes – avaient participé et qui avaient été suivies d’annonces de renforts tout azimuts pour la justice et les forces de l’ordre.
Si depuis l’État semble officiellement gagner des points dans la lutte contre l’orpaillage illégal et le trafic de stupéfiants d’après le dernier bilan sur l’insécurité tenu mi-juillet par le préfet Thierry Queffelec, quelques semaines avant son départ, les chiffres des atteintes aux personnes, des vols à main armée et des homicides restent très élevés en Guyane. Les meurtres sont même plus nombreux que l’année dernière à la même époque alors que 2022 a été une année tristement record sur ce sujet avec 47 homicides recensés officiellement.
« Nous sommes déjà à 34 homicides depuis le début de l’année donc on se dirige à nouveau vers un record » regrette Yvanne Gouala, la présidente de Trop Violans. Pour autant, peu de monde s’est déplacé hier pour défiler contre la violence et dire non à la banalisation des meurtres. À peine 70 personnes et une poignée d’élus : la maire de Cayenne Sandra Trochimara et son adjointe Laura Hidair-Louis (prévention des risques professionnels), les élus de Matoury Francesca Félix (1ère adjointe – sécurité) et Yahya Daoudi (4e adjoint – formation professionnelle).
L’association des commerçants chinois et Joseph Tien-Liong, venu représenter la Chambre de commerce et d’industrie qui a publiquement soutenu la marche, figuraient également dans le cortège principalement composé de proches de victimes comme « Didi », tué à Stoupan pour un scooter, ou Kenny Theo, assassiné lors du vol de sa moto à Zéphyr le 4 avril 2022, ou encore Keshore « Andy » Ramkaran, exécuté dans son salon de thé à Matoury le 10 août 2022.
« Le respect des mesures inscrites dans l’Accord de Guyane «
« La marche a été organisée à la demande des familles, pour rendre hommage aux victimes, rappeler que tous les jeunes ne sont pas des délinquants et dire stop à la banalisation de la violence » a précisé Olivier Goudet, porte-parole de l’association Trop Violans. « Aujourd’hui, c’est un jour de douleur, de mobilisation. Pour certains c’est peut-être une marche de trop, mais pour nous c’est important car on ne veut pas tomber dans le fatalisme.«
« Même si peu de monde vient marcher, on sait que l’on représente une part importante de la population. Les gens en ont marre de marcher et des belles paroles. Ce qu’ils veulent, c’est la mise ne place de moyens et le respect des mesures inscrites dans l’Accord de Guyane » a ajouté Yvanne Goua.
Et ce n’est pas l’inauguration en début de semaine par le nouveau préfet d’une antenne du Raid « qui va changer grand-chose » selon la présidente de Trop Violans car ces policiers d’élite, « spécialisés dans la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, n’iront pas en forêt où prolifère justement le grand banditisme. De toute façon la réponse doit être plus large que la répression et passer par l’éducation, les associations et des moyens pour la justice« .
Au cœur des revendications de 2017, la sécurité reste un sujet prégnant aujourd’hui dans la société guyanaise. C’est aussi pour rappeler au nouveau représentant de l’Etat l’importance de cet enjeu que Trop Violans a marché hier. « On lui a demandé audience vendredi dernier, par courrier, comme on le fait avec chaque nouveau préfet. Nous n’avons pas encore la réponse. Marc Del Grande nous avait reçus, pas Thierry Queffelec avec qui les rapports étaient inexistants » voire glaciaux. Le nouveau préfet Antoine Poussier est prévenu : il devra aussi composer avec Trop Violans.
Photo de Une : moins d’une centaine de personnes a défilé hier dans les rues du centre-ville de Cayenne pour dire non à la banalisation de la violence © Guyaweb
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