Selon une étude de l’Insee sur les migrations résidentielles, la Guyane est le seul territoire d’Outre-mer à afficher un solde positif, ses échanges se faisant principalement avec l’Occitanie, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Nouvelle Aquitaine et l’Ile-de-France. Les mobilités résidentielles sont plus fréquentes au sein de la fonction publique avec une répartition entre les emplois comparable à celle des arrivées, “ce qui laisse supposer un fort turn-over dans la fonction publique”.

L’heure est au chassé-croisé en ce mois de juillet, entre les départs et les arrivées sur le territoire guyanais. Après quatre années en Guyane pour une mutation dans la fonction publique, Céline plie bagage avec sa petite famille. “Nous avons commencé (à faire) les cartons il y a déjà quelques semaines, c’est fatiguant mais nous commençons à voir l’habitude. Avant d’être mutés en Guyane nous étions à Rennes.”

Laure, originaire de Paris, arrivée en Guyane il y a 15 ans et travaillant à son compte, déplore ce “va-et-vient surtout lorsque l’on se lie d’amitié, à peine rencontrés qu’il faut se séparer et assister à des pots de départs qui n’en finissent plus depuis quelques semaines.”

Selon une étude sur les migrations résidentielles en Guyane, 4 869 personnes provenant d’une autre région française sont venues s’installer en Guyane en 2014. Cette même année, 4 786 personnes quittaient la région vers le reste de la France, principalement l’Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Nouvelle Aquitaine. Contrairement aux Antilles, les échanges avec l’Île-de-France sont moins marqués, note l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).

“La Guyane affiche les taux d’entrées et de sorties les plus élevés des départements d’Outre-mer (respectivement 20,0% et 19,6%) alors que les taux d’entrées guadeloupéen et martiniquais affichent respectivement 13,5% et 14,1%« .

Le cycle de vie des personnes influe sur les migrations

Les raisons du changement de région sont liées au cycle de vie des personnes. D’après la dernière étude de l’Insee publiée fin juin, l’âge est un facteur déterminant des migrations résidentielles et sont concernés les 25-50 ans, des personnes en couple avec souvent un ou plusieurs enfants, qui “augmentent les échanges migratoires de la Guyane avec les autres régions françaises. L’âge des enfants semble être un déterminant au départ des familles qui sont arrivées d’une autre région française.”

Par ailleurs l’Insee souligne que pour faire face à l’absence de certains cursus de l’enseignement supérieur aux Antilles-Guyane et à un manque de perspectives sur le marché du travail local, de nombreux jeunes sont obligés de partir vers une autre région française pour se former ou trouver un emploi.

« Un fort turn-over dans la fonction publique »

Les mobilités résidentielles sont plus fréquentes au sein de la fonction publique que dans le secteur privé. En 2014, un actif sur deux arrivé en Guyane occupe un emploi public, principalement des employés (40%) et des professions intermédiaires (40%). L’Île-de-France est la région la plus pourvoyeuse d’entrants en Guyane pour les emplois publics.

Inversement, 50 % des actifs ayant quitté le territoire occupaient un emploi public avec une répartition entre les emplois comparable à celle des arrivées, ce qui laisse supposer « un fort turn-over dans la fonction publique« . En effet, peu de ces arrivées ou départs concernent des personnes originaires de la région.

Meilleure stabilité dans le secteur privé

Le statisticien national indique que les mobilités résidentielles sont moins aisées dans le secteur privé que dans le secteur public. La Guyane, avec son industrie extractive et la présence du spatial sur son territoire, attire aussi des ouvriers qualifiés, des cadres d’entreprises, des professions intermédiaires administratives et commerciales provenant notamment de l’Occitanie, région pourvoyeuse de professions plutôt industrielles.

Le secteur industriel affiche une meilleure stabilité, enregistrant moins de départs que d’arrivées. De plus, les arrivées du secteur privé concernent principalement des emplois qualifiés pour lesquels la demande est importante en Guyane, conclut l’Insee.