Capitaines, chefs coutumiers et associations coutumières se sont retrouvés à huis clos à la préfecture de Cayenne le temps d’un week-end historique les 10 et 11 février, à l’occasion de l’installation du Grand Conseil Coutumier (GCC) de Guyane.
Prévu dans le cadre de la loi Egalité Réelle Outre-Mer (EROM), le Grand Conseil Coutumier (GCC) remplace le Conseil consultatif des populations amérindiennes et bushinengé (CCPAB) issu de la loi relative aux collectivités territoriales de Guyane (2011) et qui était principalement composé de représentants associatifs.
«Il y avait une organisation logistique à prévoir pour faire venir y compris les représentants des communes les plus éloignées de Guyane, arrêter une date en commun et donc plusieurs conditions à réunir pour pouvoir mettre autour de la table l’ensemble des autorités coutumières de Guyane et la possibilité de choisir en toute liberté leurs représentants» a expliqué à Guyaweb Mathias Ott, sous-préfet chargé de mission pour les communes de l’intérieur depuis août 2017.
«Les dépenses liées au fonctionnement de ce Grand Conseil Coutumier seront aussi prises en charge par l’Etat» a t-il précisé, une enveloppe de 50 000 euros devant être attribuée annuellement.
Selon l’article 78 de la loi Egalité Réelle Outre-Mer, le Grand Conseil Coutumier a pour objet «d’assurer la représentation des populations amérindiennes et bushinenges de Guyane et de défendre leurs intérêts juridiques, économiques, sociaux, culturels, éducatifs et environnementaux. «
Il a un rôle de saisine et un pouvoir d’auto-saisine et il donne son avis sur toute délibération de l’Assemblée de Guyane concernant la culture, l’environnement ou le mode de vie des Amérindiens et des Bushinenges en Guyane. Il dispose d’ un mois à compter de sa saisine pour se prononcer sur le projet ou la proposition de l’Assemblée de Guyane.
Placé auprès du représentant de l’Etat dans la Collectivité territoriale de Guyane, le Grand Conseil Coutumier est composé de 16 membres désignés pour six ans – mandat renouvelable – à la fois par les chefs coutumiers amérindiens, les capitaines bushinenges et les représentants associatifs, auxquels s’ajoutent 2 personnalités qualifiées qui «seront désignées par la ministre de l’Outre-mer ultérieurement, dans les toutes prochaines semaines afin de permettre au Grand Conseil de commencer à travailler» nous a indiqué Matthias Ott (1).
Si une première base a été formalisée, les 18 membres du CGC doivent maintenant s’atteler à la rédaction d’un règlement intérieur et à l’élection d’un bureau (un président, deux vice-présidents et un secrétaire élus au scrutin secret pour une durée de 3 ans renouvelable).
«Nous allons proposer à la ministre des Outre-mer deux noms de personnalités» nous a indiqué Alexandre Sommer, secrétaire général de l’Organisation des Nations Autochtones de Guyane (ONAG), qui se dit «satisfait que la Jeunesse Autochtone de Guyane (JAG)» figure au sein du premier Grand Conseil Coutumier de Guyane.
Représentée par Christophe Pierre et connue pour ses engagements notamment contre le projet minier de la Montagne d’or, la Jeunesse Autochtone de Guyane trouve donc une voix au sein de cette haute autorité coutumière. « Il y a eu beaucoup d’échanges durant cette installation et la JAG ne s’était pas positionnée pour être dans le Grand Conseil Coutumier mais les autorités coutumières ont fait une recommandation pour que la FOAG (Fédération des organisation autochtone de Guyane) et la JAG y siègent en qualité de représentants associatifs. C’est vraiment une reconnaissance du travail initié depuis quelques temps sur la vulgarisation d’informations juridiques » s’est réjoui Christophe Pierre.
«La restitution des 400 000 hectares (2), l’accès partagé aux avantages, le travail avec l’Etat sur la ratification de la convention 169 de l’OIT, le brevet couachi, les points de l’Accord de Guyane» sont les grands sujets sur la table a expliqué Christophe Pierre à Guyaweb.
Du coté des capitaines bushinenges, l’heure est à l’union. « Bushinenges et Amérindiens pourront avancer sur leurs histoires méconnues et les doléances iront au niveau national » estime le capitaine de Macouria Joseph Ateni.
Dans la nouvelle configuration portée par cet organe de représentation qu’est le le Grand Conseil Coutumier de Guyane, les autorités coutumières et bushinengé ont une plus grande place mais elles n’auront pas le droit de veto que détient le Sénat coutumier kanak en Nouvelle-Calédonie.
(1) Les 18 membres du Grand Conseil Coutumier sont : 6 représentants des autorités coutumières et traditionnelles amérindiennes désignés par leurs pairs, 6 représentants des autorités coutumières et traditionnelles bushinenges désignés par leurs pairs, 2 représentants désignés par les organismes et associations représentatifs des populations amérindiennes, 2 représentants désignés par les organismes et associations représentatifs des populations bushinenges, et 2 personnalités qualifiées désignées par arrêté du ministre de l’Outre-mer.
(2) La loi EROM a été votée avant l’Accord de Guyane faisant référence aux 400 000 hectares et dans les textes il n’y a pas de lien mais le CGC aura un rôle à jouer dans la gestion de ces 400 000 hectares.
Les membres du Grand Conseil Coutumier :
Capitaines bushinenges: -Bruno Apouyou (Kourou) Associations bushinenges : -Aouegi Lamouraille (Mama Bobi) Chefs coutumiers amérindiens : -Sylvio Van Der Pilj (Balata) Associations amérindiennes : -Jean Philippe Chambrier (FOAG) Deux personnalités qualifiées : en cours de nomination |
1 commentaires
excellente nouvelle – longue vie au Grand Conseil Coutumier, et apprenons à écouter leurs recommendations – car ce péyi a besoin du savoir et de la sagesse des peuples autochtones !