Dimanche 24 Novembre

En marge d’un dîner républicain à Bourda, des manifestants repoussés par des tirs de gaz lacrymogène à Cayenne

En marge d’un dîner républicain à Bourda, des manifestants repoussés par des tirs de gaz lacrymogène à Cayenne

Des affrontements ont éclaté hier soir face à la préfecture, les manifestants étant repoussés à coups de tirs de gaz lacrymogène par des forces de l’ordre casquées alors qu’Emmanuel Macron dînait avec des invités triés sur le volet à la résidence du préfet à Bourda.

Après une manifestation ayant rassemblé environ 600 personnes marchant en direction de la préfecture en fin d’après-midi, une partie des manifestants à d’abord renversé des barrières pour venir au-devant de l’hôtel préfectoral faisant face aux forces de l’ordre casquées.

Le cabinet du préfet a finit par proposer un rendez-vous vendredi avec des conseillers d’Emmanuel Macron à une délégation notamment du collectif Pou Lagwiyann dékolé qui exigeait une rencontre avec le Président de la République dès le jeudi soir, arguant d’une demande d’audience remontant à une semaine.

Vers 19 heures, sans que les raisons de cette escalade soient éclaircies, les forces de l’ordre ont commencé à repousser les manifestants à coups de tirs de gaz lacrymogène répétés.

Des enfants, des adolescents, courant, certains avec un linge sur la tête, parfois à vélo, faisaient partie des manifestants jusque tard hier soir (23 h), a constaté Guyaweb.

Le vol direct d’Emmanuel Macron en hélicoptère du tarmac de l’aéroport à Maripasoula, sa déclaration un rien lapidaire dans la commune isolée indiquant qu’il n’est « pas le Père Noël » a clairement choqué au sein du collectif Pou Lagwiyann dékolé et d’une partie des citoyens guyanais.

Le discours d’Emmanuel Macron à Maripasoula laissant de surcroît clairement entendre que les accords d’avril dernier, suite à plus d’un mois de blocage, se limiteraient au 1, 085 milliard d’euros signé.

Une demande de deux milliards supplémentaires à « examiner » selon l’accord d’avril devra faire selon lui l’objet de « projets ». Autant dire que l’enveloppe étatique supplémentaire n’est pas prête à être débloquée.

Une déclaration du Président de la République qui a pu agacer – selon des propos que nous avons pu recueillir ça et là- les citoyens confrontés à tant de galères au quotidien : insécurité, offre en matière de santé indigne d’un pays développé, éducation nationale ne parvenant pas à répondre aux demandes de l’ensemble des Guyanais etc.

Des poubelles ont été incendiées jeudi soir près de la mairie de Cayenne, une pierre a été lancée (ce qui a suscité le désaccord d’une partie des manifestants) à l’encontre d’un véhicule de la brigade anti-criminalité (Bac) contraint de reculer, des panneaux de signalisation et des barrières donc ont été renversés, des adultes dissuadant parallèlement certains jeunes de s’en prendre aux stores des magasins.

Des manifestants invoquent des tirs de flash-ball des forces de l’ordre.

Au lever du jour ce matin, les pompiers s’attelaient à maîtriser un feu de détritus à l’entrée de l’avenue de Gaulle jouxtant le boulevard Mandela (ex Jubelin).

Une communication du procureur de la République sur Whatsapp fait état de l’interpellation de 5 personnes dans la nuit, dont 3 mineurs.

L’une des personnes interpellées a été relâchée ce matin et 4 sont toujours en garde à vue pour  « participation à  un attroupement armé et violences » selon le procureur.

Le programme d’Emmanuel Macron prévoit un discours en présence de la presse ce vendredi à 8 heures au carbet de la préfecture alors qu’une nouvelle manifestation est prévue dans Cayenne.

Emmanuel Macron doit notamment annoncer de nouvelles mesures de lutte contre l’orpaillage clandestin via l’utilisation de « drones », comme il l’a indiqué hier à Maripasoula.

Le programme initial prévoit dans la foulée une visite du Président de la République au Centre spatial guyanais, l’excellence du monde moderne.

Et vous trouvez ça drone ?

FF

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13 commentaires

  • pikiboy

    Des drones ???
    Les drones ne détruiront pas les moteurs… les drones ne feront au mieux que donner des informations sur la localisation des sites. Or cette information existe déjà !
    Le problème n’est pas de savoir où sont les garimperos, le problème est de les arrêter. Et pour ça il faut des moyens humains et logistiques. Pas des drones !

    Macron : le nouvel inspecteur Gadget ?

  • le Jaguar

    Même avec des moyens humains supplémentaires , rien ne changera vraiment. Bien souvent, les garimperos sont présents lors des opérations. Ils sont rassemblés dans un carbet et sont « invités » à quitter le territoire. Quand bien même on les reconduirait à la frontière en hélicoptère, ce qui a déjà été fait dans le passé, outre le fait que ça coute une fortune, ils vont rapidement revenir puisque la frontière est incontrolable. Il s’agit d’opérations de police effectuées avec des moyens militaires mais comme l’état n’est pas en guerre et que l’armée intervient sur le territoire national, c’est la législation de droit commun qui s’applique. Lorsqu’une pirogue d’orpailleurs essaye de s’échapper lors d’un contrôle, les militaires n’ont même pas le droit de tirer dans le moteur. Cette fausse guerre est perdue d’avance.

    • pikiboy

      Observations justes M. Le Jaguar, on n’aura que peu de prise sur les allées et venues des garimps… tant qu’on ne jugulera pas l’activité il reviendront croquer. Il y a d’autres moyens de pressions mais actuellement et après le départ d’une partie des effectifs de gendarmerie vers la Guadeloupe nous n’avons juste pas les bras pour mener une politique de lutte crédible…

      Un petit rappel historique pour se rappeler tout de même que nous ne devons pas baisser les bras et que tout est une question de moyens (humain, financier, organisationnel) :

      2008. Effort historique, début de l’opération Harpie annoncé par le président de l’époque (que les juges aient son âme). Le GIGN est mobilisé, les moyens sont mis en oeuvre, la cadence est donnée, le préfet de l’époque – un ancien militaire – à une feuille de route sur le sujet et des comptes à rendre. Pendant plusieurs mois l’effort de lutte est tel que l’orpaillage illégal recule. Mais… cela coûte…
      Lorsque la fin de cette opération est annoncée, la légende raconte que la fête à Oyapoque est telle que les garimpeiros et leur commanditaires font griller des boeufs entiers : les affaires reprennent…

      Oui les garimps sont nombreux, connaissent bien la forêt, s’adaptent rapidement et n’ont rien à perdre. En face, une poignée d’hommes, souvent mal préparés, engoncés dans une organisation lourde, peu souple et qui a du mal à réagir vite et à impacter les filières illégales…
      Mais les marges d’améliorations existent. Des OPJ (officiers de polices judiciaires) en nombre pour accompagner les militaires qui sans eux sont condamnés à faire de la présence, des moyens pour exfiltrer ou détruire efficacement les moteurs.
      Les interceptions sont possibles sur le domaine maritime (axe Approuague et Mana), la destructions des moyens de production et des moyens logistiques devrait devenir une priorité (un concasseur = 7000€, un moteur = 200g d’or, fûts de carburant, quad, pirogue). La destruction même des barges ne devrait pas poser de soucis puisqu’elles doivent normalement avoir une autorisation des deux pays « les concessions de dragages dans le fleuve frontalier seront accordé d’un commun accord (…) ».
      Les adaptations légales doivent aussi permettre une adaptation au contexte particulier.

      Ou alors tient, si on utilisait des drones !?

  • clod29

    Je crois qu’il y a une erreur dans votre titre, à la vue des images, les manifestants ne sont pas repoussés, ils attaquent les forces de l’ordre, lesquels ripostent : petite nuance !!!! je vous invite à réécouter les propos de M. Mancé devant l’onf, « nous reprendrons par le sang ce que l’Etat a pris par le sang ».
    Des voyous autoproclamé représentant du peuple a qui le président rappelle que nous vivons en république, il était temps !

  • FF

    Ils ont été repoussés quand ils étaient face à l’hôtel préfectoral. Là sur la photo, on en est loin de l’hôtel préfectoral (on est en face de la mairie de Cayenne)

  • KouK

    Les heures données sont tout simplement fausses. Les échauffourées n’ont pas commencé à 19h, mais vers 20h20/30, et on voit clairement sur les images des différents médias présents sur place que c’est un mouvement volontaire des gens se trouvant à l’avant de la foule, qui ont poussé les grilles sur les policiers, qui, naturellement (comme le veut la loi que tous ces manifestants demandent que l’Etat respecte), ont répliqué.

    Je suis étonné que vous soyez si peu objectif dans le traitement de ces événements. Qu’attendaient les gens en suivant des musclors encagoulés qui répètent depuis assez longtemps leur volonté de « reprendre » le pays, face au président de la République. Cela m’a plutôt donné l’impression d’une manifestation manipulée – une fois encore – par quelques indépendantistes forcenés et violents, qui ont profité de la misère et de l’impatience des gens pour les emmener se faire « lacrymoger » !

    Personne n’est capable de contrôler une foule, c’est bien pour ça que la police existe, et qu’elle se doit de faire face pendant ce genre de rassemblements emplis d’émotion, d’incompréhension et de débiles à cagoules.

    • FF

      Bizarre de votre part de prendre partie comme cela, relisez-juste la définition du verbe « repousser »

  • FF

    Entre 19h et 19h30 je dirais

    Quand on dit que les manifestants ont été « repoussés » qu’ y a-t-il de faux, c’est le terme exact

    • KouK

      « Repousser à coup de tirs de gaz lacrymogènes répétés », oui, je connais le sens des mots. Cet acte de la part des hommes et femmes en uniforme a été provoqué par un mouvement de foule qui n’est pas anodin et qui est toujours repoussé comme ça partout sur le territoire de la République.

      Vous niriez donc, en ne le précisant pas, que la foule a poussé violemment les barrières (la seconde ligne, jouxtant la préfecture) derrière laquelle se trouvaient les forces de l’ordre. Action – Réaction. Je n’ai lu que Réaction dans cet article, et qui plus est, avec mention de l’usage des lacrymo avant 20h ce qui est totalement faux, ou alors vous n’étiez pas à l’heure de la Guyane.

      Quant à ma prise de partie, elle n’est pas à blâmer en l’occurrence, puisque je ne suis pas l’auteur d’un article qui se veut journalistique, mais un citoyen qui commente avec sa sensibilité et son analyse personnelle, des faits (et des appels à la « rage » des collectifs) qu’il réprouve, quand bien même il partage les revendications de la population.

      Beaucoup de gens, comme moi, ont été bernés en mars-avril par les véritables attentes des gens qui se cachent sous les cagoules. Vous-même avez dénoncé les intérêts des « grands hommes » de cette mobilisation qui a bloqué le pays pendant plusieurs semaines, sans aboutir à quoi que ce soit d’autre qu’à plus de haine entre les communautés. Celles et ceux qui les ont suivi hier soir, en pensant à juste titre, mettre la pression sur l’Etat, devaient savoir qu’avec les hurluberlus qui « parlent au nom du peuple », il ne pourrait rien n’y avoir de bon dans la réaction du pouvoir. Je ne pleurerai pas pour eux une autre fois.

      • FF

        Vous me mettez un petit doute sur l’heure, je me souviens avoir regardé ma montre (à aiguilles) dans la cohue, mais pour le reste m’en suis tenu aux faits. Ensuite, les gens étaient de plus en plus repoussés, je n’ai pas pour habitude de prendre partie ni de composer avec les faits, d’ailleurs nos enquêtes journalistiques récentes sur l’un des meneurs du mouvement de mars sont restés lettre morte chez la quasi-totalité de nos confrères au delà de tout soupçon en matière d’infraction à la déontologie et à l’indépendance médiatique.

  • FF

    Etiez-vous devant l’hôtel préfectoral ?

  • Lescunt

    S’il y a repousse, c’est qu’il y a pousse. C’est un terme approprié, qui en plus sous entend bien que c’est en réaction.
    Quand aux commentaires sur les indépendantistes violents et forcenés, c’est fou comme ils reviennent systématiquement sur tous les journaux, parfois on se demande où est le rapport avec l’article.
    J’aimerais bien, une fois pour toute, savoir de qui vous parlez les mecs, et avec des faits avérés sur leurs intentions et actes de violence. Ce serait un bon sujet d’article!
    Par ailleurs, indépendantiste en Guyane, pour certains c’est limite comme nazi on dirait. Il faut donc revoir la définition. Dire de quelqu’un qu’il est indépendantiste, n’est ni une insulte, ni un argument en soi. Faut développer.

    Les mouvements mars avril portés notamment par des musclors cagoulés (sûrement independantistes violents) ont quand même débouché, même si c’était moche, sur les accords de Guyane dont on parle actuellement quand même. Et si je me rappelle bien, il y avait plein de messages d’unité durant cette période.

    Au fait, guyaweb, savez-vous qui a diné avec le président?

  • FF

    Pas nous, pas nous…

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